Le centenaire de la disparition d’Eugène Gilbert est l’occasion de redécouvrir le parcours de cet aviateur héroïque et passionné, grâce aux articles de Paul Fontanon parus dans L’Almanach .
Il y a un siècle, le 18 mai 1918, le célèbre aviateur auvergnat Eugène Gilbert disparaissait suite au crash de son avion, lors d’un essai. À l’occasion du centenaire de sa disparition, retour sur la vie d’Eugène Gilbert, grâce aux articles de Paul Fontanon parus dans L’Almanach de Brioude (*) qui retracent son épopée glorieuse, en détail.
Un don pour la mécanique et le pilotage
Né à Riom le 19 juillet 1889, Eugène Gilbert passe les dix premières années de sa vie à Vichy. Il entre à l’école Carnot, où il réalise une année d’études professionnelles. À cette époque, il développait déjà une compétence toute particulière pour la mécanique, assure Paul Fontanon. D’ailleurs, Eugène Romeuf, directeur du Modern Garag, le prend sous son aile et l’initie à la conduite de véhicules à moteur.
Sa famille, attachée au Brivadois, s’installe à Brioude, place de Fènerie (aujourd’hui place Eugène-Gilbert) en 1901. Eugène Gilbert intègre alors le collège à Brioude, en classe de 6 e, 5 e et 4 e. Il effectue son premier raid aérien, de Brioude à Vichy à ses 12 ans, avec un tricycle à pétrole de 2 CV 1\4.
Sa jeunesse est marquée par ses performances dans un large panel sportif, comme le tir ou le cyclisme. Il devient notamment capitaine de l’équipe de football de son collège, en 1903. Rapidement, à ses 16 ans, il abandonne les études secondaires et devient apprenti. Il part ensuite travailler, en 1905, au garage Bastide, à Clermont-Ferrand.
Premier raid de Brioude à Vichy à l’âge de 12 ans !
Une ville où il réalisera d’ailleurs son service militaire, en 1910. Incorporé au 92 e régiment, il est affecté en avril 1911 au bataillon des aérostiers de Versailles, grâce à ses connaissances en aéronautique. Il quitte son bataillon peu après pour intégrer l’école d’aviation d’Étampes.
Il lui aura suffi de huit leçons pour obtenir le brevet de pilote de l’Aéro-club de France, souligne L’Almanach. En mars 1912 il se distingue en survolant Brioude – Clermont, malgré une météo défavorable.
Deux ans plus tard, le mois de juillet 1914 marque le début de la Grande Guerre. En août, Eugène Gilbert est affecté à l’escadrille MS23 dans la Somme, comme pilote de l’Armée de l’air. Au début, ce rôle tendait seulement à de l’observation. Très rapidement, alors qu’il était en mission d’observation, le 2 novembre 1914, l’Auvergnat célèbre sa première victoire, face à un Taube, non armé et contrait d’atterrir. Quelques jours plus tard, le 18 novembre, il abat un avion allemand destiné à bombarder Amiens. Il est ensuite muté en 1915 à l’escadrille MS49 à Belfort.
Si la peur n’a jamais arrêté le pilote, une panne d’essence l’a contraint à atterrir aux abords d’une prairie suisse, vers Rhelnfelden, en juin 1915. Éjecté de sa cabine, les habitants du village lui viennent en aide. Mais l’Auvergnat voulait retourner en France, pour poursuivre le combat. Il tente de s’enfuir une première fois, mais les autorités de Berne réclament son retour. Il est alors reconduit à la frontière puis logé à la caserne d’Andermatt. Il s’échappe une seconde fois, en juin 1916. Mission réussie. Une nouvelle vite ébruitée et chaleureusement accueillie dès son retour en France.
Il perd le contrôle de son avion
Le 17 mai 1918 marque la fin de son combat. Il décolle de Villacoublay (Ile-de-France) pour essayer un nouvel appareil. Son objectif ? Atteindre 3.000 m et réaliser une descente en piquet. Alors qu’il atteint 280 km\h en pleine montée, une aile et un aileron se détachent. L’aviateur perd le contrôle de son appareil et s’écrase vers Chaville. Même s’il respire encore, Eugène Gilbert finira par succomber au choc. Ses funérailles seront célébrées le 20 mai 1918.
(*) Édition 2012 : P. Fontanon – Eugène Gilbert et les fêtes de l’aviation de mars 1912 et édition 2013 : P. Fontanon – La glorieuse destinée d’Eugène Gilbert.
Le centenaire de sa disparition dignement fêté à Brioude
Plusieurs baptêmes seront à découvrir : avion, saut en parachute, montgolfière…
Entre exposition et animations à l’aéro-club de Brioude-Beaumont, plusieurs rendez-vous marqueront le centenaire de la disparition d’Eugène Gilbert, dès lundi et jusqu’au 30 juin.
Plus généralement, l’aéronautique pendant la Première Guerre mondiale sera mise en avant, avec l’exposition à l’Hôtel de Ville du 15 mai au 30 juin. De la vie brivadoise pendant la période 1914-1918, à la richesse du patrimoine dans ce domaine, plusieurs témoignages ont été rassemblés. Photos, lettres et témoignages, une vingtaine de documents seront à découvrir, gratuitement. « La croix de guerre, la Légion d’honneur et la médaille militaire d’Eugène Gilbert seront aussi exposés », dévoile Karine Chapon, bénévole de l’aéro-club.
Simulateur et baptêmes
La suite de l’hommage se poursuit le week-end des 2 et 3 juin, à l’aéro-club de Brioude-Beaumont. L’entrée sur le site est gratuite. Au programme une exposition d’avions, ULM et planeurs de l’époque mais aussi d’aujourd’hui. Des avions de la Première Guerre mondiale et d’entraînement de l’armée française et russe s’installeront. Pour laisser place aux sensations, un simulateur et des baptêmes en avion ou montgolfière seront à essayer. Le samedi 2 juin, les philatélistes de Brioude tiendront un bureau de poste temporaire au sein du site de l’aéro-club. Ils vendront des timbres et cartes postales à l’effigie d’Eugène Gilbert. Par ailleurs, une commémoration en sa mémoire se déroulera le même jour, samedi 2 juin, à 11 heures, sur sa stèle.
Pratique. Plus d’informations : www.aeroclub-brioude.fr.
Marjorie Ansion
Source @La Montagne